Translation of the song Illuminations – 17 – Villes (Ce sont des villes…) artist Arthur Rimbaud

French

Illuminations – 17 – Villes (Ce sont des villes…)

English translation

Cities (Cities indeed…)

. . Ce sont des villes ! C'est un peuple pour qui se sont montés ces Alleghanys et ces Libans de rêve ! Des chalets de cristal et de bois qui se meuvent sur des rails et des poulies invisibles. Les vieux cratères ceints de colosses et de palmiers de cuivre rugissent mélodieusement dans les feux. Des fêtes amoureuses sonnent sur les canaux pendus derrière les chalets. La chasse des carillons crie dans les gorges. Des corporations de chanteurs géants accourent dans des vêtements et des oriflammes éclatants comme la lumière des cimes. Sur les plateformes1 au milieu des gouffres les Rolands sonnent leur bravoure. Sur les passerelles de l'abîme et les toits des auberges l'ardeur du ciel pavoise les mâts. L'écroulement des apothéoses rejoint les champs des hauteurs où les centauresses séraphiques évoluent parmi les avalanches. Au-dessus du niveau des plus hautes crêtes une mer troublée par la naissance éternelle de Vénus, chargée de flottes orphéoniques et de la rumeur des perles et des conques précieuses, — la mer s'assombrit parfois avec des éclats mortels. Sur les versants des moissons de fleurs grandes comme nos armes et nos coupes, mugissent. Des cortèges de Mabs en robes rousses, opalines, montent des ravines. Là-haut, les pieds dans la cascade et les ronces, les cerfs tettent Diane. Les Bacchantes des banlieues sanglotent et la lune brûle et hurle. Vénus entre dans les cavernes des forgerons et des ermites. Des groupes de beffrois chantent les idées des peuples. Des châteaux bâtis en os sort la musique inconnue. Toutes les légendes évoluent et les élans se ruent dans les bourgs. Le paradis des orages s'effondre. Les sauvages dansent sans cesse la fête de la nuit. Et une heure je suis descendu dans le mouvement d'un boulevard de Bagdad où des compagnies ont chanté la joie du travail nouveau, sous une brise épaisse, circulant sans pouvoir éluder les fabuleux fantômes des monts où l'on a dû se retrouver.

. . Cities indeed! This is a people for whom those Alleghanies and Lebanons of dream were staged! Chalets of crystal and wood that move on invisible rails and pulleys. Old craters circled by colossi, and palm-trees of copper roaring melodiously in flames. Feasts of love resound, on canals that hang there behind the chalets. The hunt of chimes cries in the gorges. Guilds of gigantic singers flock among robes and oriflammes dazzling as the light on the summits. On platforms in the midst of the gulfs, Rolands trumpet their valour. On bridges across the abyss, and the roofs of inns, the sky’s heat covers the masts with flags. Crumbling apotheoses overtake the high meadows where seraphic centauresses step among avalanches. Above the line of highest crests, a sea troubled by Venus’ eternal birth, charged with orphic fleets and the murmur of precious pearls and conches – that sea darkens at times with mortal lightning. On the slopes, harvests of flowers, vast as our swords and cups, bellow. Processions of Mabs in russet, opaline robes ascend the ravines. Their feet in the waterfalls and briars, the deer up there suckle at Diana’s breast. The suburban Bacchantes sob, and the moon burns and howls. Venus enters caves of smiths and hermits. Clusters of bell-towers sing the ideas of peoples. From castles built of bone an unknown music issues. All the legends evolve and elks move through the towns. The paradise of storms subsides. Savages ceaselessly dance the nocturnal feast. And, once, I descended into the stir of a Baghdad street, where crowds sang the joy of fresh labours, in the dull breeze, circling without power to elude the fabulous phantoms of the hills where they must have gathered.

. . Quels bons bras, quelle belle heure me rendront cette région d'où viennent mes sommeils et mes moindres mouvements ?

. . What kind arms, what sweet hour will recover that region from which my slumbers and slightest movements come?

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